En prolongement de la colonne vertebrale

(suite)

Il n’est pas sans voir la bestialité que la bouche concentre dans des moments forts lorsque « la colère fait grincer les dents, la terreur et la souffrance atroce font de la bouche l’organe des cris déchirants ».  D’autres écrivains l’ont vu, mais  Bataille introduit du nouveau par sa vision de l’individu bouleversé qui « relève la tête en tendant la tête frénétiquement, en sorte que sa bouche vient se placer, autant qu’il est possible, dans le prolongement de la colonne vertébrale, c’est-à-dire dans la position qu’elle occupe normalement dans la constitution animale ».   Le poète s’empare de ce lien direct avec nos pulsions pour  nous offrir comme image finale la face « bouche close » qu’il caractérise de « constipation étroite d’une attitude strictement humaine ».

Celui qui é(cri)t suppléait-il ainsi à son cri?

Est-il pour autant « bouche close »?

Lire sur les lèvres, sur cette parure de la bouche… prendre une position de sourd, d’assourdi. Assourdi par le cri de l’autre? Cri qui n’a pas été résorbé par un effet de serrage, de condensation dans le corps des lettres et qui continue ses réverbérations.

« La bouche » de Bataille a été lu par Pierre Fedida qui en tirera « l’informe » avec son ouverture dans la « régression ». C’est une   « régression » qu’il  interrogera comme « l’infini du commencement du corps humain ».

(…à suivre)

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